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jeudi 19 janvier 2017

Un déjeuner qui s’avère indigeste sur la question de l’école …

Un déjeuner qui s’avère indigeste sur la question de l’école …

Me voilà embarquée par une amie psy ou en passe de le devenir dans un projet de centre de consultations psychanalytiques gratuites et confidentielles …
D’emblée se pause la question de l’école : doit on s’en passer ou pas ?
Il y a ceux qui en ont besoin, pour se lancer, se rassurer, se faire valoir, partager des positions, en débattre …
Et il y a ceux qui l’ont quittée faute d’y trouver une position éthique commune, un partage de pratique bienveillant ou plus simplement en ce qui me concerne une certaine position politique …
Il y a quelques années j’ai démissionné d’une association psychanalytique où l’adhésion annuelle représentait ¼ de mon chiffre d’affaire mensuel …
Les colloques et journées étaient payants sans possibilité de régler à la journée …
Bref, la question de l’argent pesait lourd dans ma décision de démissionner !
Quel sens y-a t’il à pratiquer une psychanalyse dite sociale en appartenant à une association psychanalytique qui pratique des droits d’entrée exorbitants ?
Sachant qu’une école n’apporte pas de patients, ni de travail en réseau mais simplement des espaces d’élaboration théoriques ou de partages cliniques plus ou moins bienveillants à l’égard des jeunes psychanalystes profanes dont je fais partie depuis maintenant 7 ans …
Voilà pourquoi ce projet de centre de consultations psychanalytique m’intéressait : « pouvoir permettre l’accès à la psychanalyse à toute personne en souffrance psychique pour lui permettre de nouer ou renouer un lien social … »
Séduisant non ? En tout cas sur le papier …
Dans notre société contemporaine fracturée je trouvais qu’aller mettre la psychanalyse dans la cité pouvait créer de nouvelles circulations de la parole …
Cela rejoignait un peu mon projet professionnel quotidien de mettre la psychanalyse dans le milieu rural, à l’abri de la ville et de ses intellectualismes …
Et bien ce fut la fracture autour de la table …
Il ne s’agissait pas de mettre la psychanalyse dans la cité, en tout cas pas celle à laquelle je pensais …
Bref, il ne s’agissait surtout pas de faire du social avec la psychanalyse.
En tout cas pas comme ça, pas en direct …
Dès lors je n’avais plus d’intérêt à agir … A quoi bon tenter une aventure si les objectifs diffèrent à ce point ?
Ce projet était pour moi l’occasion d’une ouverture vers l’autre. Cet autre un peu lointain, qui ne vit pas bien loin mais si différemment.
L’école, la référence à l’école, implique le respect de règles, de protocoles. Assez contraignants pour la plupart. Penser par soi même y semble bien difficile et peu recommandé.
Il s’y joue des guerres de pouvoir, d’influence. Les même que partout sauf que peut être un peu plus narcissiques entre psychanalystes.
Ce collectif école lui aussi souffre d’enjeux bien connus du monde de l’entreprise. Le capitalisme, la rentabilité y ont-ils pénétrés comme ailleurs ?
Je dirai pour conclure que cette école il faudrait pouvoir s’en passer, à condition de s’en servir … Les idées y sont bonnes mais les freins intestins y sont trop nombreux …
L’ombre du « père » semble encore rôder …
Je me souviens ma 1ère psychanalyste qui me disait « méfiez-vous des lacaniens ». Cet avertissement raisonne un peu comme dans ce roman d’Umberto Eco, Le nom de la rose porté à l’écran par Jean Jacques Annaud où il s’agissait de « se méfier des Dolciniens ».
Finalement ce jour là, à table, je me suis sentie un peu hérétique, revendiquant une certaine forme de rejet des richesses d’une certaine église… Le bûcher n’était pas loin dans les yeux de mon interlocutrice. Et j’y ai bien lu une certaine forme de haine quand j’ai évoqué ma pratique du gratuit. Oui les convictions politiques peuvent d’une certaine manière agresser l’autre, le blesser au plus profond.